
Cette question divise l’opinion de part et d’autre. D’aucuns craignent que l’on assiste à un « théâtre de chez nous ». Plusieurs analystes s’interrogent si qu’est-ce qui se mijoterait derrière cette union sacrée? S’agirait-il d’un secret de polichinelle ? Alors que l’on se souviendra des propos du chef de l’État, Félix Tshisekedi lors de ses précédents discours sur la nation n’a cessé de souligner que l’Union sacrée est une vision, un idéal autour duquel toutes les forces vives et représentatives doivent adhérer pour juguler la crise sociopolitique qui a décimé le pays afin de doter un avenir radieux à la RDC. Ce, après avoir coupé le Cordon ombilical de la coalition FCC-CACH à laquelle, d’après lui, au regard des efforts déployés et des sacrifices consentis, il a eu à faire face aux humiliations par ses partenaires, ceux contre qui, devant la nation, il les a accusé de constituer un blocage pour ne pas concrétiser les attentes du peuple.
Aujourd’hui, nonobstant les adhésions massives, un revirement à 360 degré, à cette union sacrée qui n’a pas toujours vu le jour et qui peine à annoncer ses couleurs. Pas de cahier des charges élaboré, le chantier reste encore inachevé jusqu’à la preuve du contraire. De nombreux prédateurs et assoiffés du pouvoir continuent à traverser la mer rouge pour la terre promise de l’Union sacrée, semblent-ils venir non pour accompagner la vision du chef de l’État mais plutôt avoir chacun un rôle prépondérant à jouer lors de la répartition des postes des responsabilités.
Tenez! Tout commence avec la chute du bureau Mabunda au perchoir de l’Assemblée nationale. Une situation qui a encore accrue la crise au sein de la famille politique chère au sénateur à vie, Joseph Kabila qui a vu son FCC être vidé au profit de l’Union sacrée de la nation. L’on a enregistré de départ successif des gros poissons du Front Commun pour le Congo qui, hier ont juré loyauté et fidélité envers leur Autorité Morale. Parmi eux, il y a bien entendu Alphonse Ngoyi Kasanji, Pius Mwabilu, Steve Mbikayi, Lambert Mende pour ne citer que ceux-là.
Pour sa part, l’ancien ministre de la communication et médias, Lambert Mende a tout haut éclairé la lanterne que son adhésion dans l’Union sacrée se justifie autour des idées et valeurs pour la bonne gouvernance mais tout en restant toujours au FCC. Et d’ailleurs, avait-il ajouté dans son intervention, qu’il s’y est rendu sous l’impulsion de Joseph Kabila. De son côté, le ministre de la solidarité et actions humanitaires, leader du Parti Travailliste, Steve Mbikayi appelle les politiques à faire allégeance au Président de la République ainsi que de soutenir l’unique candidature de celui-ci en 2023. De ce qui précède la plupart de ces caciques du FCC, qui quittent leur navire, jugent mitigée et calamiteuse la gestion opaque des dirigeants de leur méga plateforme, longtemps majoritaire.
A cet effet, au regard du débordement du vase qui tend à se remplir à cause des adhésions à grande échelle, le bénéfice du doute s’installe à petit feu dans le chef de la population congolaise qui, du moins, se demande si Félix Tshisekedi réussira son pari. Devra-t-on, de ce fait, donner raison à l’ex premier ministre Matata Ponyo d’avoir prédit cette union sacrée du « FCC bis »? Ou encore s’adjoindre à Martin Fayulu qui a parlé d’une seconde grossesse du FCC? En tout état de cause, quelques bouches autorisées remettent en question ces différentes adhésions qu’ils appellent des prétendus « chapelets de bonnes intentions ».
Le Mouvement citoyen, la Lutte pour le Changement (LUCHA) qualifie l’Union sacrée de purgatoire politique où, selon elle, les mauvais gestionnaires de l’ancien régime vont se ressourcer afin de se faire pardonner leurs péchés commis dans le passé, pour s’attirer la sympathie du Président de la République. D’aucuns parlent plutôt, d’une caisse de raisonnance constatée dans le microcosme politique. En tout cas, quoi de plus normal que de reconnaître que l’actuel chef de l’État aura du pain sur la planche, lors du saucissonnage des postes des responsabilités.
Entre Vision et partage du gâteau
En politique on ne fait pas de cadeau, dit-on, car seuls les intérêts qui priment à fortiori. Déjà la bataille à des postes commencent. Rappelons que deux jours passés, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi avaient rencontré leur allié Félix Tshisekedi. Cette rencontre constituait à faire une dernière mise au point sur l’obtention de deux grandes intentions de l’État en l’occurrence, la Primature et la Présidence de l’Assemblée Nationale, qui, logiquement, devraient revenir au MLC et l’Ensemble pour la République selon l’accord convenu.
Fort malheureusement, les violons n’ont pas semblé s’accorder entre le trio. Les deux ténors de Lamuka Bemba et Katumbi se sont séparés à queux de poisson avec Fatshi. Certaines sources renseignent que Félix Tshisekedi aurait jeté son dévolu à Jean-Pierre Lihau pour le perchoir de l’Assemblée nationale et à Bahati Lukwebo, actuel informateur pour la primature. Une décision qui n’a pas du tout rencontré l’assentiment des autorités morales du Mouvement pour la Libération du Congo et de l’Ensemble pour la République, qui convoitaient tant ces grandes institutions.
Et donc par conséquent, sans le poids politique de Bemba et Katumbi, l’Union sacrée atteindra-t-elle son apogée? L’épée de Damoclès ne serait-elle pas utilisée à la longue contre Félix Tshisekedi? Est-il entouré de bons collaborateurs? Plusieurs questions taraudent les esprits des clairvoyants. De justesse, faudrait-il encore le rappeler, le président honoraire Joseph Kabila avait décrié à son temps, de n’avoir pas 15 meilleurs collaborateurs autour de lui. Aussi, avait-il dit, d’avoir failli à sa mission de transformer « l’homme congolais ». Jusqu’à preuve du contraire, nul n’ignore les tenants et les aboutissants de ladite Union sacrée de la nation.
Entre temps, de leur côté, le FCC de Joseph Kabila, commence à reconstituer les pièces du puzzle. Ses membres affûtent les armes pour rafler à nouveau le bâton de commandement de la chambre basse du Parlement. Le bureau d’âge pour sa part, qui a reçu la mission d’organiser l’élection définitive, est parsemé d’embûches. Pas plus tard que la semaine dernière, une pétition de destitution a été lancée contre lui par certains députés nationaux du FCC et rescapés de la tour de Babel de l’Union sacrée. Quand bien même cette démarche n’a pas abouti.
En attendant, le peuple s’impatiente de voir le fruit que portera cette Union sacrée comparable à l’Arche de Noé, où ceux qui n’adhèrent pas subiraient les effets néfastes du déluge. Pour ce faire, plusieurs aspects importants restent irrésolus à savoir: la sécurité, la gratuité de l’enseignement qui rencontre des couacs, l’emploi, le salaire des fonctionnaires, l’eau et l’électricité, bref le social des congolais.
Il y a lieu de noter, la société civile, les mouvements citoyens et associations multiplient des déclarations pour appeler le garant des institutions qu’est le Chef de l’État, à privilégier l’intérêt supérieur de la nation.
Par ailleurs, des réformes annoncées par le Président entre autre, sur le processus électoral est très attendu. Mais rappelons tout de même, que la course à la présidentielle de 2023 demeure rude. D’autant plus que bon nombre d’adhérents dans l’Union sacrée ont fait bloc autour de Félix Tshisekedi malgré doit-on reconnaitre l’incertitude qui résulte dans la convocation du scrutin. Ce, puisque la question sur la candidature du futur du président doit être débattue en plénière. Également, le financement des élections à tous les niveaux doit être pris en compte.
Dans l’attente d’une suite favorable de ce qui en résultera l’Union sacrée, le peuple congolais reste attentif et vigilant pour ne pas être pris une fois de plus au gûet-à-pens des politiciens.
Joyce Mpiana